On peut toujours écrire, On peut toujours lire...

Propositions d’écriture Jean-Pierre Martin

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vendredi 29 mai 2020
par Jean-Pierre MARTIN


Propositions d’écriture Jean-Pierre Martin

Proposition n°1

L’essentiel

Comment l’épreuve que nous avons subie et que nous continuons à traverser nous invite à réfléchir à l’essentiel, à repenser notre rapport au monde, à sa beauté, à la nécessité de le préserver… ?

À votre tour maintenant de nous dire ce qui est essentiel pour vous…

TEXTE À LIRE

J’aime les textes qui font le récit d’une expérience. Le poète américain Thoreau a tenté de mettre en accord ses actes avec ses idées, ce qui est rare. Quand il « gagne les bois », près de l’étang de Walden, c’est pour vivre à l’écart, dans la simplicité, avec juste le nécessaire. Il se construit une petite cabane de trois mètres sur quatre et demi, cultive un potager et s’émerveille de la vie dans les bois. Son livre comme son aventure anticipent la résistance d’une partie de la jeunesse d’aujourd’hui au consumérisme. L’expérience contrainte de ce qu’on a appelé le confinement nous fait réfléchir à de telles expériences volontaires, où l’apprentissage de la solitude, la vie intérieure, le côtoiement quotidien de la nature, l’immobilité et la sobriété heureuse retrouvent toute leur force et toute leur vertu, à rebours de ce que Michaux appelait déjà « la planète des agités ».

Je gagnai les bois parce que je voulais vivre suivant mûre réflexion, n’affronter que les actes essentiels de la vie, et voir si je ne pourrais apprendre ce qu’elle avait à enseigner, non pas, quand je viendrais à mourir, découvrir que je n’avais pas vécu. Je ne voulais pas vivre ce qui n’était pas la vie. Je ne voulais pas vivre ce qui n’était pas la vie, la vie est si chère. Ce qu’il me fallait, c’était vivre abondamment, sucer toute la moelle de la vie, vivre assez résolument, assez en Spartiate, pour mettre en déroute ce qui n’était pas la vie. Notre vie se gaspille en détail. De la simplicité, de la simplicité, de la simplicité !

Henry Thoreau, Walden ou la vie dans les bois, récit, 1854

Proposition n°2

L’Amitié (lettre à un ou une amie)

Quand l’amitié semble entravée par l’impossibilité de se voir, de se parler et de manifester de l’affection par des gestes, dans une situation où l’on ne peut s’approcher l’un de l’autre, on peut aussi concevoir autrement l’amitié, à partir de l’absence physique. On peut alors prendre le temps d’écrire à un ami plus qu’un texto, lui adresser une lettre circonstanciée, où on lui montre de la sollicitude, où l’on tente de lui faire partager nos goûts, nos curiosités, nos découvertes, nos sensations – sachant que des choses peuvent s’écrire, qui ne peuvent se dire.

Vous pourriez écrire une telle lettre à un ami, réel ou imaginaire.

TEXTE À LIRE

« Lettre d’Albert Camus à René Char », septembre 1957 :

Cher René, Je suis en Normandie avec mes enfants, près de Paris en somme, et encore plus près de vous par le cœur. Le temps ne sépare, il n’est lâche que pour les séparés - Sinon, il est fleuve, qui porte, du même mouvement. Nous nous ressemblons beaucoup et je sais qu’il arrive qu’on ait envie de « disparaître », de n’être rien en somme. Mais vous disparaîtriez pendant dix ans que vous retrouveriez en moi la même amitié, aussi jeune qu’il y a des années quand je vous ai découvert en même temps que votre œuvre. Et je ne sais pourquoi, j’ai le sentiment qu’il en est de même pour vous, à mon égard. Quoi qu’il en soit, je voudrais que vous vous sentiez toujours libre et d’une liberté confiante, avec moi.

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