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Proposition d’écriture de Jean-Michel Maulpoix

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jeudi 2 avril 2020
par Jean-Michel MAULPOIX
Proposition d’écriture de Jean-Michel Maulpoix
Proposition n° 1
Confinés, comme nous le sommes aujourd’hui, nous mettons à l’épreuve nos liens : avec nos proches, avec le monde, avec nos habitudes mêmes… Être attaché à un être, une personne, un lieu, peut être cause de bonheur et parfois de souffrance. Je vous invite à écrire librement à ce propos…
Un poème de Guillaume Apollinaire, extrait de Calligrammes, pourra vous servir de guide…
TEXTE À LIRE
LIENS
Cordes faites de cris
Sons de cloches à travers l’Europe
Siècles pendusRails qui ligotez les nations
Nous ne sommes que deux ou trois hommes
Libres de tous liens
Donnons-nous la mainViolente pluie qui peigne les fumées
Cordes
Cordes tissées
Câbles sous-marins
Tours de Babel changées en ponts
Araignées-Pontifes
Tous les amoureux qu’un seul lien a liésD’autres liens plus ténus
Blancs rayons de lumière
Cordes et ConcordeJ’écris seulement pour vous exalter
Ô sens ô sens chérisEnnemis du souvenir
Ennemis du désirEnnemis du regret
Ennemis des larmes
Ennemis de tout ce que j’aime encore
Proposition n°2
« Indépendamment de ce qui arrive, n’arrive pas, c’est l’attente qui est magnifique » affirmait le poète André Breton.
Un de ses amis surréalistes, Paul Éluard, écrit pour sa part un texte très court intitulé « L’attente » (dans le recueil Les Mains libres, illustré de dessins de Man Ray).
Ce texte tient en une simple phrase :
« Je n’ai jamais tenu sa tête dans mes mains »
À votre tour d’exprimer librement ce que l’attente évoque pour vous….
Messages
1. Proposition d’écriture de Jean-Michel Maulpoix, 3 avril 2020, 15:42, par Célia
Confinés, enfermés, prisonniers,
aux confins de... la liberté
Si proches et si éloignés
"restez chez vous"
trois mots pour nous ôter
une part de liberté
"on peut toujours"
trois autres pour nous donner
du rêve, et s’évader
2. Proposition d’écriture de Jean-Michel Maulpoix, 5 avril 2020, 00:44, par Alexis Quetzal
Dénudé de tout,
Dénué d’envie,
J’attends que maintenant de ma vie,
Sans que lamentablement j’échoue,
Cessent instamment, de suite, ce flux
De pensées qui doucement huent
A mon corps de crier,
Lui chantent la liberté.
Cette chansonnette insupportable
Remue mes souvenirs les plus aimables.
C’est une question éternisée
Dont la réponse
N’a pas de sens
Ce sont mes pensées
Qui s’enfoncent
Dans l’attente.
Pour tromper l’attente,
Il faut trouver mille subterfuges,
Chassez les heures vacantes
Et trouver refuge
Peut-être dans l’écriture
De vers aux pieds mal comptés,
Sans doute mauvais,
Je n’ai plus d’idées,
Donc m’en vais.
3. Proposition d’écriture de Jean-Michel Maulpoix - Proposition 1, 7 avril 2020, 13:41, par BRUN BERNOLLE Marie-Anne
Texte proposé par Louise, élève de Tle
Les pétales qui tombent sur le rebord du balcon
Le soir, on est assis, face à l’écran, et l’on écoute. Flot de paroles, d’images qui se succèdent. Et nous, nos yeux rivés sur les chiffres qui augmentent chaque jour, on se dit qu’on est bien là où l’on est, qu’on est bien et que rien ne nous arrivera tant que l’on reste chez nous.
Redécouvrir certaines choses qui nous paraissaient futiles auparavant. En traversant tous les matins et tous les soirs le jardin, on ne fait plus attention aux détails, trop absorbés par la vie active. A présent on remarque des éléments qui se détachent du décor naturel. Prendre le temps d’observer la plante qui grandit, d’apprécier le potager ratissé quinze fois dans la même journée, de se dire : « tiens, je n’avais pas remarqué cette fleur à tel endroit », « c’est fou le nombre de pétales qui tombent sur le rebord du balcon » ou encore, « pourquoi n’ai-je pas arraché cette ronce plus tôt ? ». Les pas se succèdent, sans savoir véritablement où l’on va. Un mouvement en précède un autre. Il n’y a pas de destination particulière, ni d’objectif précis. On marche seulement, profitant des quelques mètres du jardin qui constituent le seul espace. Pour le moment. Un espace qui paraissait petit avant et qui incitait à se rendre dans des lieux plus ouverts comme le parc ou la place de la ville. Et pourtant à présent, l’on savoure la chance immense que l’on a de pouvoir s’ennuyer à l’air libre, dans la nature. Le mouvement des abeilles, les bruits d’arrière-fond, le vent frais. Prendre le temps de sentir tout cela. Prendre le temps de se sentir vivant.
Ce temps devant nous qui nous manquait cruellement au quotidien pendant les études. Avoir le temps de retravailler telle matière, de prendre le prochain train, passer à la maison nourrir le chat, attraper une pomme ou un bouquin pour s’occuper dans le wagon. Ce temps qui nous fuit, impossible à rattraper. Il est là maintenant. Pendant deux semaines il nous a collé à la peau et il nous collera deux semaines encore et encore jusqu’à nouvel ordre. Jusqu’à nouvel ordre on a le temps avec nous. On s’occupe, chaque mouvement prend de l’importance. Repousser l’ennui qui pousse à sortir. Patienter en silence chez nous. Méditer. Compter les mouvements, les gestes, jusqu’à ce que tout redevienne comme avant.
Autour, le monde semble s’être arrêté, en suspension dans l’air, près à redémarrer à tout instant.
4. Proposition d’écriture de Jean-Michel Maulpoix, 7 avril 2020, 15:55, par Cazes
La Fin de l’homme rouge... finie. Je suis bouleversée non tellement par le romanesque de ces vies tragiques, mais par la misère, par la faim obsédante qui a rongé cet immense empire. Je pense à mes proches qui sont loin. Loin pour beaucoup signifie absents du monde. Présents parfois, de plus en plus rarement, par une image, le son d’une voix, une odeur familière. Mais c’est de plus en plus ténu. J’essaie alors de chercher, de me souvenir. Je ne trouve jamais, dans ma mémoire, la sensation de la faim. Pourtant, j’ai vécu dans le même régime attaché jour et nuit à la fabrication du même homme nouveau et qui a laisser mourir ces hommes, détruits aussi par la misère. Je n’ai que de souvenirs légers, enfantins, heureux en somme. Ma mère, que je veux interroger, ne me parle que des réserves de nourriture qu’elle a faites pour traverser l’attente, celle d’aujourd’hui, liée à l’épidémie. Elle me dit avoir tout oublié du reste.
5. Proposition d’écriture de Jean-Michel Maulpoix : proposition 2 par le 08 avril 2020 13H30, 8 avril 2020, 13:32, par Mireille
L’ Attendre longtemps
L’ Attendre toujours
L’ Attendre encore
Eternellement.
Vibrante de désir
Elle l’attend.
Le Temps s’arrête
Elle retient son souffle
Joie
Angoisse
Il ne viendra pas.
6. Proposition d’écriture de Jean-Michel Maulpoix - Proposition 2, 8 avril 2020, 16:39, par BRUN BERNOLLE Marie-Anne
Texte proposé par Dominique L.
Domy
7. Proposition d’écriture de Jean-Michel Maulpoix - Proposition 1, 8 avril 2020, 17:19, par BRUN BERNOLLE Marie-Anne
Texte proposé par Aube
Lettre à ma Belle
8. Proposition d’écriture de Jean-Michel Maulpoix : proposition 1 par Mireille F 12h47, 9 avril 2020, 12:47, par Mireille F.
Dès ta venue au monde
Ton amour
M’emprisonne
Dans ses fils dorés.
Prise au piège
Je me débats
Prisonnière de cette toile d’ amour.
Je t’adore
Mais j’étouffe
Quand tu es loin, je respire
Quand tu es loin, tu me manques
Aurélien
9. Proposition d’écriture de Jean-Michel Maulpoix : proposition 1 /16 avril 2020, 16 avril 2020, 19:07, par Ferrachat.Valentine
L’attente est tellement merveilleuse
Tout d’abord, tes yeux commencent à briller, ton cœur bat plus fort, tu le sens tambouriner dans ta poitrine et tes mains deviennent moites. Tu es stressé, tu as tellement peur, tu pourrais en trembler de tout ton corps. Une partie de toi aimerait partir en courant, s’échapper à ses yeux, fuir loin, très loin.
Mais tu ne peux pas, tu viens de lâcher une bombe, tu dois rester, assister à ce potentiel massacre, tu dois te montrer fort.
Alors tu essayes de l’observer, deviner sa réponse, ces mimiques, ce regard qui n’a pas bougé, qui te fixe, te juges, examine tous tes faits et gestes, ton honnêteté et doit sûrement te préparer une excuse toute trouvée. Ces yeux qui étaient d’abord surpris, surpris de tes paroles, trop crues, elle n’était bien évidemment pas prête, pas prête à recevoir autant de sentiments d’un coup, ces yeux qui ont fini par devenir si indescriptible pour toi, sûrement à cause du stresse et de l’attente.
L’attente, il ne te reste que ça à faire, tout ton corps semble être figé, il ne sait pas encore s’il va se soulever aux 7es cieux ou s’effondrer violemment contre ces pavés de pierres. Il oscille entre ces deux sentiments si contradictoire, si opposé et pourtant si proche, c’est cela l’attente, le vrai, un sentiment si intense, si bouleversant.
Enfin, c’est la délivrance, tu vois ces yeux sourire, ces lèvres remuer, t’emmenant délicieusement à ta délivrance promise, une délivrance avec un simple
"je t’aime, aussi"
10. Proposition d’écriture de Jean-Michel Maulpoix : proposition 1, 30 avril 2020, 19:04, par BRUN BERNOLLE Marie-Anne
Texte proposé par Emilie T., élève de Première H.P.L., lycée Louis Armand, Eaubonne.
L’attente
Chaque jour est long,
comme une année,
une année
dont les jours sont si longs.
Nous sommes assoiffés, affamés,
affamés de souvenirs que l’ont veut créer.
Nous désirons et attendons des événements,
des événements de la vie qui faisaient partie de nos plans,
des plans qui sont tombés à l’eau
mais que nous pouvons remplacer avec des mots.
Et on croit passer à côté de notre vie
et pourtant il y a tant de choses que l’on a déjà abouties.
11. Proposition d’écriture de Jean-Michel Maulpoix, Inès S., 4 mai 2020, 18:22, par M. Duplaà, professeur au lycée Louis Armand d’Eaubonne
On espère que la situation évoluera,
Que tout reviendra dans l’ordre.
Mais les comportements ne sont pas adéquats,
femmes et hommes forment une horde
Indomptable et informe.
Alors notre souhait devient désespoir.
Nos émotions s’entremêlent, contradictoires.
Le passé ressurgit, regrets et remords l’accompagnent
Nos pensées bancales
Se dirigent vers le futur,
Nos désirs, comme des brûlures,
Ardents et persistants, laisseront
Place à de nouveaux horizons,
Encore et encore.